Les Chiens de Navarre

On dit parfois d’eux qu’ils sont au théâtre ce que Charlie Hebdo est au journalisme. C’est à la fois juste et réducteur. De leur confrère de la presse écrite, les Chiens de Navarre ont la capacité de provoquer des fous rires énormes, un goût viscéral pour la liberté d’esprit, le culot de l’esprit potache et parfois, une impudeur qui met le rouge aux joues. Mais c’est bien ici de théâtre qu’il s’agit, au sens le plus fort du terme. Riches d’une multiplicité de propos, les spectacles des Chiens inventent, ou réinventent, une manière de dire, de jouer, d’entrer en lien avec le public, de susciter la pensée, de prendre et de donner du plaisir. Bref, avec les seuls moyens de la scène, cette troupe nantie de talents divers et variés (il y a même un Suisse dans l’équipe) réussit l’exploit de rendre le théâtre aussi vivant que si on venait de l’inventer.

Depuis 2005, année de leurs premiers pas, les Chiens de Navarre ont conquis en France une place qui les met aujourd’hui au centre de l’attention. Avec des titres de spectacles tels que L’autruche peut mourir d’une crise cardiaque en entendant le bruit d’une tondeuse qui se met en marche ou Les danseurs ont apprécié la qualité du parquet, ils ont vite mis le public sens dessus dessous. Il fallait donc bien, dix ans après leurs débuts, leur consacrer un festival. Il fallait bien trois soirées, deux pièces, une performance et un film pour montrer comment l’on peut à la fois rire à s’en couvrir les yeux, se réjouir d’idées théâtrales inédites, jubiler d’un jeu qui met chaque instant à vif, et ressortir en essayant
de comprendre ce que l’on a vu. Théâtre dada? Performance néo-dramatique? Naissance d’une nouvelle race humaine? Le concours est ouvert.