Saison 2019-2020

Romane, le bonheur, la révolution

 

Romane, vingt ans, dit que le bonheur n’est pas un sujet qui la concerne: «La société de consommation, le confort individuel, c’est fini pour ma génération, on n’a plus le temps pour ça. Le monde autour de nous, partout où on regarde, l’environnement, l’égalité, le système, les lois, rien ne va. La seule solution, c’est de tout changer radicalement.» Mais le mal est si profond, la somme des problèmes tellement complexe qu’elle ne sait pas par où commencer. Elle ne voit même pas comment exprimer sa révolte. Ce sentiment d’impuissance l’obsède: «Ça me prend la tête, chaque moment de ma vie.»

Alors, elle fourbit ses armes, Romane. Elle lit, elle étudie. La littérature, la sociologie, le féminisme, elle dévore, convaincue que la conscience accroît le pouvoir d’agir. Elle veut construire une vision large du problème pour pouvoir l’attaquer de la façon la plus juste, être capable de rassembler beaucoup de gens. La révolution, en aucun cas elle ne la souhaite sanglante, ni violente. Elle pense que c’est aux jeunes de la mener, qu’il faudrait constituer une méga-équipe éducative qui diffuse les bonnes pratiques partout où c’est possible.

Et puis, il y a la musique. Elle joue de la batterie tous les jours, suit une formation professionnelle dans une école de jazz, constate que ses copains musiciens sont assez peu militants, mais qu’ils ont le sens de la communauté. Elle adore jouer avec eux. La création artistique les tire de l’impuissance. «L’art est peut-être une échappatoire, dit Romane, mais il offre aussi un moyen efficace et fort pour véhiculer des idées, pacifiquement.» C’est une sorte d’idéal: si tout le monde avait accès à l’art ou la possibilité de créer au sein d’un groupe, la planète irait mieux, elle en est sûre. Romane, vingt ans, porte haut l’étendard de notre saison.

Anne Brüschweiler
Directrice