Quartier lointain

D’après Jirô Taniguchi

Mise en scène Dorian Rossel

Mardi 10 et mercredi 11 janvier 2012 à 20h30

Odyssée fantastique dans le temps, Quartier lointain est à l’origine un manga magnifique du Japonais Jirô Taniguchi. Inspiré par cette fable existentielle et tendre, Dorian Rossel l’adapte librement, traduisant les dessins et les caractéristiques propres à la bande dessinée en situations théâtrales, inventives et subtiles.

Durée 1h25
Tarif B

«Le spectacle doit en premier lieu apparaître comme quelque chose d’accessible et générer une évidence de plaisir et de partage.» Dorian Rossel

Un père de famille, de retour d’un voyage d’affaires, se retrouve catapulté dans le passé et revit l’année de ses 14 ans, dans son corps de jeune garçon mais avec son expérience d’adulte. Pour la première fois, il voit ses parents avec le regard de quelqu’un qui est à même de comprendre. C’est l’occasion pour lui de revisiter son enfance et de tenter d’élucider la disparition mystérieuse de son père, survenue cette même année.

Le voyage de l’adulte dans son passé apparaît comme une opportunité inespérée d’empêcher ce départ inexpliqué et de modifier le cours des choses. Infléchir le passé semble improbable ; réparer les failles de sa famille l’est tout autant. Une chose reste cependant possible : comprendre ses blessures, les dépasser, les soigner ; faire la paix.

Odyssée fantastique dans le temps, Quartier lointain est à l’ori gine un manga magnifique, signé par le Japonais Jirô Taniguchi. Inspiré par cette fable existentielle et tendre, Dorian Rossel l’adapte librement. Il traduit les dessins et les caractéristiques propres à la bande dessinée en situations théâtrales, inventives et subtiles. Il propose un univers vivant, cocasse et coloré, plus encore que celui du récit dont il s’inspire.

Adapté du manga de Jirô Taniguchi ©1998 Jirô Taniguchi / Shogakukan Inc. Edition Casterman 

Interprétation Rodolphe Dekowski, Mathieu Delmonté, Xavier Fernandez-Cavada, Karim Kadjar, Delphine Lanza, Élodie Weber, Patricia Bosshard (musique), Anne Gillot (musique)
Collaboration artistique Delphine Lanza
Scénographie Sylvie Kleiber
Dramaturgie Carine Corajoud
Musique originale Patricia Bosshard, Anne Gillot
Lumières Bastien Depierre
Costumes Barbara Thonney
Assistante costumes Nicole Conus
Vidéo Jean-Luc Marchina
Assistante mise en scène Laure Bourgknecht
Adaptation Compagnie STT (super trop top)
Coordonnatrice de production Muriel Maggos

Régie générale Félix Dorsaz
Régie son Aurélien Stuby
Régie lumière Christophe Glanzmann

Production déléguée Théâtre Vidy-Lausanne
Coproduction Comédie de Genève, Compagnie STT, Arsenic

Photos Carole Parodi

Avec le soutien de Ville de Lausanne, Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture, Département de l'Instruction publique et de l'Etat de Genève, Ville de Genève, Loterie Romande.
Dorian Rossel est "compagnon du bord de l'eau" au Théâtre Vidy-Lausanne avec le soutien de l'Office fédéral de la culture.

 

« Juliette Binoche, Emmanuelle Devos, Bertrand Delanoë et, excusez du peu, Peter Brook lui-même. Dorian Rossel détestera que l’on commence cet article par l’énumération des vedettes françaises qui sont venues voir son spectacle Quartier lointain au théâtre Montfort. Pourtant, à Paris, c’est ainsi. Indépendamment de la salle de 450 places pleine chaque soir pendant cinq semaines, la réussite d’une pièce se mesure au nombre de personnalités qui se déplacent pour la regarder. Et au buzz qu’elle provoque dans les milieux concernés. [...]

Un succès à la mesure de la qualité de la proposition qui avait séduit public et critique lors de la création genevoise en 2009 [...]. Et un succès qui rend aussi justice à la beauté de la bande dessinée dont le spectacle est tiré. Car Quartier lointain, c’est d’abord une BD culte du Japonais Jiro Taniguchi. [...]

La bande dessinée est bouleversante et il fallait le doigté et l’inventivité de Dorian Rossel et ses compagnons pour traduire ce mélange de joie juvénile et de grande fragilité. Pour évoquer l’identité diffractée, par exemple, surgissent subitement huit Hiroshi sur le plateau. Un simple cercle d’acier figure le fauteuil roulant de la grand-mère et les personnages se couchent à la verticale pour restituer la liberté de point de vue de la BD. »
Marie-Pierre Genecand, « Quartier lointain, l’art du rayonnement » Le Temps, 8 déc 2011, p.25.

 

« S’inspirant du regard qui saute de case en case, Dorian Rossel invente pour l’occasion un théâtre sur mesure où il fait feu de tout bois et du moindre accessoire pour fabriquer la ligne claire de ses images. Nous voici projetés dans l’énigme d’un voyage dans le temps qui permet à un fils devenu adulte de retrouver ses parents et l’époque de son enfance. A travers le romantisme cruel de cette expérience, notre héros dénoue des secrets familiaux. L’hypothèse poétique d’être un enfant capable d’observer le monde avec des yeux d’adulte. La parenthèse d’un rêve impossible devenu un excitant moment de théâtre. »
Patrick Sourd, «Les trois coups du manga», Paris Match, 12.11.2011

 

« [...] Adapté et mis en scène magnifiquement par Dorian Rossel, ce célèbre manga de Jirô Taniguchi est interprété par six comédiens, qui endossent plusieurs rôles, et par deux musiciennes. Une polyphonie de voix à laquelle s’ajoute une scénographie qui joue parfaitement de la diversité des points de vue. Tout s’accorde ici pour garder la dimension fantastique de ce roman graphique, proche de la rêverie. Un beau spectacle de théâtre sur la mémoire pour les plus grands. »
Françoise Sabatier-Morel, Télérama Sortir, 21.10.2011

 

« Nul besoin de connaître le manga de Jirô Taniguchi pour apprécier le spectacle du metteur en scène suisse Dorian Rossel. Son adaptation, des plus heureuses, en permet la découverte aux non-initiés. Il invite à un fantasme : un retour dans le passé, avec une fraicheur et un parti pris de naïveté particulièrement bienvenus. Le héros monte dans un train qui le ramène vers les lieux de son enfance et le souvenir obsédant d’un père abandonnant le domicile familial. Qu’aurait pu faire le jeune garçon d’alors pour infléchir le cours des choses? Aurait-il pu retenir son père? Plus largement, peut-on changer le cours d’une vie? Dorian Rossel pose ces questions avec une manière de faire exemplaire, dans une économie de moyens et une simplicité de mise en scène et de jeu. Le traitement visuel et sonore crée une dimension où l’imaginaire trouve sa place. L’interprétation se fond dans la proposition. Un ensemble parfait. »
Annie Chénieux, Le Journal du Dimanche, 17.10.2011

 

« Adapter un manga au théâtre, et pas n’importe lequel : Quartier lointain, de Jirô Taniguchi, c’était un pari sacrément périlleux. Il est réussi. Le spectacle, créé en Suisse par le metteur en scène Dorian Rossel, est à l’affiche du Monfort, à Paris. Il va se jouer un mois avant de partir en tournée, et, à en mesurer l’accueil qu’il a reçu le soir de la première, on peut gager qu’il fera le plein de spectateurs de tous âges, comme il y a des lecteurs de Quartier lointain de tous âges.Tant mieux ! [...] Aurait-il pu l’empêcher de le faire, et changer ainsi le cours de sa vie ? Quartier lointain se pose la question, et bien d’autres encore, en suivant un chemin qui mène à une réconciliation intime.C’est précisément cela que sait rendre Dorian Rossel. Ce metteur en scène de 36 ans possède une qualité qui peut vite devenir un défaut : la naïveté. Chez lui, elle n’est qu’émotion et bienveillance, comme dans le manga, dont on retrouve l’esprit sur le plateau, où sept comédiens se partagent les rôles. Ils reproduisent, dans leurs mouvements et dans leurs gestes, la «ligne claire» du dessin chère à Jirô Taniguchi, et qui est aussi présente dans la simplicité du décor. Ainsi, libre de toute intrusion intempestive, le spectateur peut se laisser aller, revivre à sa façon le manga. Quand, à la fin, vient le temps de la confession du héros, on sent chacun respirer. Le silence autour des mots est alors aussi beau que l’envolvers une re-naissance, celle-là même dont Quartier lointain nous parle. »
Brigitte Salino, Le Monde, 30.09.2011

Arielle Meyer MacLeod : Est-ce que votre mode de travail relève de la création collective ?

Dorian Rossel : Je viens de là. Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment à partir de deux idées en naît une troisième. Mais je me suis rendu compte que tout discuter peut aussi alourdir le processus, raison pour laquelle j'ai commencé à créer des spectacles sous mon nom. Aujourd'hui mon travail n'est donc plus tout à fait de l'ordre de la création collective, mais ne s'apparente pas non plus à une forme traditionnelle de mise en scène. Un peu comme la danse contemporaine, discipline dans laquelle le langage chorégraphique s'invente souvent à partir de la spécificité de chaque corps, et qui intègre de ce fait une dimension collective d'échange.

 

AMM : Comment se construisent alors vos spectacles ?

DR: Ils s'élaborent principalement en répétition, en observant ce qui émerge au plateau. Nous cherchons de spistes en amont mais ne décidons rien avant le début des répétitions. Le travail est empirique. Je ne veux pas concevoir un spectacle dans ma tête et demander aux comédiens d'être de sinterprètes de ma vision : lorsque quelqu'un propose une idée singulière et pertinente, on cherche comment la consolider et la développer. Je tente de faire coexister uen multiplicité de sens.

 

AMM : Qu'est-ce qui vous a séduit dans cette bande dessinée de Taniguci ?

DR : y a une profonde délicatesse dans cette écriture. J'ai été très touché par sa façon de faire surgir des sensations et de sémotions dans un quotidien apparemment banal ; il est en cela un héritier de Tchekhov et du cinéaste Ozu. Eux aussi possèdent cet art d'exprimer avec une extrême simplicité des problématiques étonnamment complexes.

 

AMM : Comment allez-vous transposer à la scène ce matériau de la bande dessinée ?

Coraline Corajoud (dramaturge) : Nous ne voulons pas reproduire fidèlement la partition dessinée. Mais en même temps le dessin prend en charge beaucoup d'émotions et crée un rythme par ses silences et les vides laissés entre les cases. Il faut donc que nous arrivions à transposer ce qu'offre le dessin dans une forme théâtrale, à travers la scénographie et le jeu.

 

AMM : Il y a une dimension très intérieure dans ce récit...

CC : Oui, il s'agit en fait d'un monologue intérieur, ce qui lui confère une dimension littéraire. Cela implique une intimité très forte avec le lecteur et nous devons nous poser la question de savoir comment faire passer cette intériorité au théâtre. Notre défi serait de retrouver la simplicité et l'émotion brute qui se dégage de la bande dessinée sans tomber dans l'illustration. Pour cela, nous allons sans doute tabler sur une mise à distance qui affiche le théâtre.

 

AMM : Cette histoire bouleversante pose la question de savoir si on peut intervenir sur le cours des événements : est-ce que ce personnage qui revit son passé en ayant le savoir et la conscience de l'homme qu'il est devenu peut influer et modifier la façon dont les événements vont se produire ?

CC : Il ne le peut pas, et c'est précisément ce qui est beau. Le retour dans le temps produit une transformation intérieure qui ne modifie pas son passé mais sa vie d'adulte. C'est comme s'il avait à refaire tout ce chemin pour arriver vers quelque chose de nouveau.

DR : Le récit procède d'ailleurs par répétitions successives de façon très virtuose. Il avance de manière cyclique, reprenant sans cesse des motifs déjà évoqués en les transformant. Ce que j'aime, c'est que cette virtuosité n'est jamais ostentatoire.

                                    Propos recueillis par Arielle Meyer MacLeod, Théâtre de l'Arsenic

© Mario Del Curto
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