Antigone

D'après Henry Bauchau

Mise en scène Robert Sandoz

Samedi 17 septembre 2011 à 20h et dimanche 18 septembre 2011 à 17h

Durée spectacle en création
Tarif C

De ce personnage mythique d'Antigone, l'écrivain Henry Bauchau a fait une femme lumineuse, confondante de modernité et de spontanéité. Servie par une prose simple, parfois crue, cette Antigone-là est telle une Mère Teresa de son temps, figure absolue de l'amour et de l'espérance.

Ce spectacle s'inscrit dans l'abonnement commun Théâtre Forum Meyrin / Théâtre de Carouge

«Est-ce qu’il ne faut pas être rejeté pour devenir soi-même ?»

Ils sont quatre, enfants d’OEdipe, originaires de Thèbes, tous porteurs d’une destinée
et d’une vision du monde qui vont les mener à s’affronter à la vie à la mort.

Au centre, Antigone, femme de caractère, de devoir et de sacrifice. Elle rentre dans sa cité natale après avoir accompagné son père dans son exil. Thèbes est déchirée par la rivalité d’Étéocle et de Polynice, les jumeaux, frères d’Antigone. Ismène, leur soeur, est rivée tout entière à la conservation de la lignée. C’est l’affrontement des modernes et des anciens, c’est le progrès contre la tradition, l’humilité contre l’orgueil. Modèle de charité jusqu’à l’oubli d’elle-même, Antigone se donnera corps et âme pour soulager les victimes, les
malades et les démunis.

À partir du mythe, l’écrivain et psychanalyste belge, Henry Bauchau, a peint le portrait romanesque d’une femme lumineuse et profondément féminine, confondante de modernité et de spontanéité. Sous la direction de Robert Sandoz, la fille de Thèbes nous apparaît en figure absolue de l’amour et de l’espérance.

Texte Henry Bauchau
Adaptation
Antoinette Rychner
Mise en scène
Robert Sandoz
Lumières et projections Stéphane Gattoni
Scénographie
Nicole Grédy
Composition musicale
Olivier Gabus
Costumes Anne-Laure Futin
Collaboration artistique
Robert Bouvier
Interprétation
Sharif Andoura, Raphaël Bilbeny, Céline Bolomey, Robert Bouvier, Yves Jenny, Delphine Lanza, Dorian Rossel, Frank Semelet
Musique
Daniel Brunner (trombone), Valentin Faivre (trompette), Jacques-André Meyer (trombone), Vincent Pellet (trompette)
Administration et diffusion
Patrice Genet

Coproduction Compagnie du Passage et L’outil de la ressemblance

Photos contreforme.ch

Anne Brüschweiler : Alors comment est-ce que tu caractériserais l'Antigone de Bauchau ?

Robert Sandoz: Pour moi l'Antigone de Bauchau c'est celle d'après, c'est-à-dire que c'est celle d'après le complexe d'Oedipe, c'est celle qui est après la psychanalyse, après ce qu'on a vécu au 20ème siècle - Bauchau a dans son parcours un rapport à sa psychanalyse, mais il écrit tout ça après. Et pour moi, c'est vraiment la génération des enfants, on est plus du tout dans … on ne parle même plus de ce qu'a fait Oedipe et la mère, c'est tabou, et on s'intéresse au sort des quatre enfants, et pas que d'Antigone, des quatre enfants. Et moi je m'y reconnais là, parce que j'ai l'impression d'être justement la génération d'après, où la psychanalyse est admise, où on est au courant qu'on désire notre mère quand on est petit et qu'on doit faire avec. Je trouve que ces quatre enfants doivent faire avec. Et donc d'un seul coup, j'ai vraiment l'impression de raconter l'histoire d'une fratrie et ça pour moi c'est nouveau, ça c'est vraiment "?", c'est-à-dire qu'Etéocle qui a un rôle très peu développé d'habitude devient un vrai personnage principal; Polynice va agir avant de mourir, et cette partie là de l'histoire, pour moi, résonne avec ce que j'imagine de ma génération.

Pour moi, dans le roman de Bauchau, il y a un souffle épique. Il y a une volonté d'écrire quelque chose qu'il inscrit vraiment dans Thèbes - dans une Thèbes antique, pas du tout une reconstitution historique -, un monde qu'il fantasme, bien sûr. Mais, il écrit exactement dans une vaine qui est du tragique classique avec nos mots de maintenant, et là, il y a forcément un rapport au théâtre parce qu'il se confronte à l'écriture théâtrale originelle du mythe. Il se confronte au mythe qui lui-même est fait pour être oral à la base. Donc, il y a dans cette capacité d'évocation - cette capacité d'écriture, à Bauchau, de souffle - à mon avis, une grande théâtralité.

Voilà, moi mon idée c'est de renforcer encore cet angle sur les quatre enfants du mythe, c'est de moins axer sur Antigone que ce qu'on pourrait imaginer, et vraiment de parler de l'ensemble de cet amour et haine mélangés dans la famille. Et dans cette alternative là - comme conception du monde - on trouve que… on retrouve, une nouvelle version du mythe qui est là pour essayer d'expliquer comment on peut voir notre monde. Et c'est pour ça qu'un auteur contemporain qui écrit Antigone, crée un mythe pour nous maintenant. Parce que les mythes grecs on les interprète, mais avec des outils de maintenant alors qu'ils ont été écrits il y a longtemps etc., et ça nécessite beaucoup de précautions. Là, Bauchau, il écrit un mythe pour nous - et la richesse de ce mythe, c'est qu'il renforce celui d'Antigone en lui ajoutant celui de ses frères et soeurs - qui offre trois autres alternatives de façons de voir le monde et de nous forcer à nous positionner. Et on se rend compte qu'il n'y a aucune position confortable . On ne peut pas adorer du début à la fin l'Antigone de Bauchau. Moi, je l'aime bien parce qu'il y a des moments où elle m'énerve. Et j'aime bien me confronter à ça, parce que surtout, le personnage, je l'aime encore plus parce qu'il m'énerve, parce qu'il est vivant, parce qu'il est ambigu, parce qu'il est complexe, parce qu'il se contredit, parce qu'en même temps, il veut son plaisir personnel; elle veut son plaisir personnel, mais elle veut le plaisir de tous, et comment se situe l'équilibre ? Chaque frère et soeur, en plus, réagit différemment à cet équilibre. Il y a celui qui pense que le désir individuel est la construction de tout désir commun. Et, bien sûr, Antigone qui pense que le plaisir, enfin, le bonheur commun peut permettre uniquement le bonheur individuel.

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