Chroniques des 4 saisons - HIVER 22-23

«Salut les mecs, salut les filles, je vous ai manqué? Je parie que oui! Alors si on rembobine, je vous ai laissés la dernière fois sur un constat: les darons et les réseaux sociaux, c’est un peu comme les junkies et la schnouf, un genre d’histoire d’amour toxique qui finit mal, forcément mal. Et je vous ai laissés aussi avec une porte de sortie, histoire d’accompagner vos parents dans la phase de sevrage: la saison 22-23 du Théâtre Forum Meyrin, dont la plaquette tombée par hasard entre mes mains décrivait une programmation qui fait envie.
Le bilan aujourd’hui, au moment d’entrer de plain-pied dans l’hiver? Bon, déjà, je suis fier de mes vieux. Sont pas des cultureux dans l’âme, et pourtant ils m’ont emmené voir quelques-uns des spectacles que je mentionnais dans ma chronique précédente. So fun, yeah! Cela leur a permis de lâcher par moments leur téléphone, ce qui est un exploit (pour bien des adultes, le smartphone est un genre de doudou, et allez piquer son doudou à un grand dadais de 50 balais, vous m’en direz des nouvelles!).

Pour continuer à motiver le gouvernement domestique, j’ai lâché il y a quelque temps: «OK maman, OK papa… papa, t’arrêtes un moment de te faire passer pour Winston Churchill sur Twitter… même avec la coche de compte certifié, Musk va jamais croire qu’il se fait insulter pour de vrai par un politicien mort bien avant l’invention du web… Donc les parents, écoutez, c’était yolo cet automne au théâtre, non? Alors je vous propose un marché. Soit on continue tout l’hiver, soit je vous condamne à mater quatre ou cinq téléfilms de Noël par semaine durant tout le mois de décembre. Alors? »
Ben devinez leur réaction… Oui j’avoue c’est facile, faut dire que la menace des téléfilms de Noël était redoutable… j’avais pensé d’abord leur promettre la gégène ou l’épluchage des ongles avec des tenailles rouillées, mais les téléfilms de Noël ça fout encore plus les chocottes… Bref: ils ont dit banco pour le théâtre, bien sûr! Youpi!

Tout recommencera donc début 2023 avec RŬNA (18 et 21 janvier), la création d’une compagnie de loustics appelée STT pour Super Trop Top – ça va le melon on dirait?!? On y causera amitié, musique et voyages, avec l’odyssée de trois femmes décidant de gagner la Crimée pour retrouver une pote d’enfance partie jadis s’y réinstaller.

En février, place à Mechanics of Distance (les 16 et 17). Devinez quoi? C’est de la danse, enfin! On se comprend hein: de la danse contemporaine, espérez pas voir des zazous en pantalons baggy se déhancher sur le dernier tube d’Aya Nakamura – si on parle de tube, disons qu’elle donne plus envie de se ruer sur celui d’aspirine lorsqu’elle chante, Aya. Ici, y a une double originalité: vous pouvez assister au spectacle quand il est donné dans un… centre commercial, ou alors craquer pour la version balade fofolle au cours de laquelle ce sont les spectateurs eux-mêmes qui dansent! Epique! Rien qu’à l’idée de voir papa se trémousser, je tripe. Quand il se déhanche, on dirait toujours un fonctionnaire fédéral suisse allemand du DETEC qui essaie d’avoir l’air cool en soirée 😉

Pour le spectacle suivant, Sous la neige (les 1er et 4 mars), je vais peut-être passer mon tour, vu qu’il est destiné aux mioches de 6 mois à 6 ans. Mais si vous avez des bébés, hésitez pas! Une comédienne, un comédien et des tonnes de papier de soie blanc qui recouvrent la scène: voilà ce qui vous attend. Quelles bestioles énigmatiques se cachent sous ce manteau de blancheur? C’est ce que vous allez découvrir. En bonus, après la représentation, possibilité d’abandonner les enfants à problèmes sous le papier de soie justement. Avis aux parents déprimés! (Précision: vous aurez une année pour récupérer les minots oubliés au bureau des objets trouvés du TFM; passé ce délai, ils seront vendus aux enchères et le produit de la vente affecté à la programmation 23-24.)

On continue avec P.E.C.S. (les 9 et 10 mars), une sorte d’ovni. Au premier coup d’œil, on se dit que ça veut pas le faire. C’est un genre de conférence théâtrale et les conférences, ça craint en général; et ça se la joue spectacle qui raconte comment se fabrique un spectacle, façon «je me regarde le nombril ouh là qu’est-ce qu’il est beau mon nombril ah je ris de me voir si beau en ce nombril»… Pourtant, on dirait que le truc s’annonce super drôle, bien barré, avec un acteur pince-sans-rire qui prend le public au dépourvu en partageant avec lui les aventures de la création artistique.

Place ensuite à Nuisibles (les 15, 18 et 21 mars), un spectacle de marionnettes dont Netflix pourrait tirer une série postapo, ce qui changerait des documenteurs complotistes diffusés par les glands de ce service de streaming. Le pitch? Planquées dans un labo souterrain, trois laborantines veillent sur des tas d’insectes. Hélas, malgré leurs bons soins, les bébêtes n’en finissent pas de mourir. D’où des questions bien chiadées: pourquoi une telle hécatombe? Qui est la véritable vermine dans cette histoire? (Je suis sûr que vous avez une idée…)

Enfin, on va boucler l’hiver en retrouvant les coquins de STT, cette fois-ci pour Tous les poètes habitent Valparaíso (du 17 au 26 mars au Théâtre Saint Gervais). Évidemment c’est pas vrai hein, inutile de faire mouliner Google Maps pour vous bidouiller un itinéraire jusque là-bas! Tout commence par un hasard étrange: un journaliste de chez nous découvre que ses poèmes de jeunesse sont republiés dans la presse chilienne et signés par un type qui a presque le même nom que lui… Nom d’une couronne de lauriers, c’est quoi ce bazar? Une jeune Suissesse et un chercheur en littérature vont alors enquêter.

En résumé, on va peut-être se manger des pénuries d’électricité les semaines prochaines, mais le risque de pénurie de spectacles est quant à lui à peu près nul!»

Oliver Twistagain, bientôt 13 ans

Paru le: 19.12.22